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La crise des otages en Colombie a semblé saturer les medias internationaux. Paradoxalement, on a presque oublié les enjeux réels : un échange humanitaire entre des dizaines d'otages et des centaines de prisonniers politiques, premier pas vers des négociations de paix avec la guerilla et des formes sociales pour en finir avec 40 ans de guerre civile. La crise a ainsi permis de brouiller la lecture sur la genèse de la violence débridée qui lamine la Colombie, et sur la hiérarchie des responsabilités : celles de la guerilla des Farc bien sûr, mais celles beaucoup plus lourdes des groupes paramilitaires (milices d'extrême droite) et de l'Etat qui les a stimulés et a couvert leurs crimes.
Le film « Les otages du Président » donne la parole aux protagonistes. Tout d'abord les          « échangeables », soit les prisonniers des Farc, rencontrés dans leurs prisons de haute sécurité, et les otages, s'exprimant à travers les « preuves de vie » envoyées aux familles et dans des documents d'archives exceptionnels sur leurs rapports avec leurs geôliers. Puis les familles d'otages soldats et policiers abandonnés à leur sort depuis dix ans. Enfin, des personnalités politiques - dont d'anciens otages - engagées dans la quête d'une issue civilisée à la violence, en opposition au Président en fonction et à ses alliés - des factions liées aux paramilitaires, selon la Cour suprême de justice. Un Président qui a saboté toute possibilité d'échange humanitaire.